La conviction morale est pour moi un sujet difficile. Par extension, la tolérance ne m’est pas non plus un sujet facile. Par exemple, j’ignore toute la limite existant entre mon adhésion à la tolérance et mon attachement à la non-violence. Cependant, je sais que ma position anti-peine-de-mort est tranchée.
L’une des limites que nous posons à notre propre tolérance est souvent celle de nos valeurs morales. Partant, si l’homosexualité se retrouve en dehors de notre “moralement acceptable”, il est tout à fait normal (dans le sens statisitique du terme) et compréhensible que nous nous posions publiquement en opposition face à cette orientation sexuelle – particulièrement si elle s’affiche au grand jour et semble être admise par beaucoup. Mais, j’arrête là de parler de ce thème pour me concentrer sur un sujet annexe.
Il est une confrérie dont l’un des principes est la tolérance mais vis-à-vis de laquelle le public n’est pas particulièrement tolérant. Il s’agit de la franc-maçonnerie. Certains considèrent que les loges maçonniques sont des lieux de perdition satanique, d’autres le symbole de l’animisme blanc. Bref, on entend de tout.
Pour revenir un peu sur l’histoire, l’arrivée de la franc-maconnerie à Schgeumland est liée à une triste partie de notre histoire. L’avènement de la IIIème République en France a renforcé les liens entre République, Maçonnerie et colonisation. Il est notamment revenu au franc-maçon Jules Ferry de faire accepter à la France l’édification d’un empire colonial. Pour lui, et pour les frères qui le suivirent, les Européens avaient “le devoir de civiliser les races inférieures”. Quand on y pense, le devoir d’apporter la Pureté Morale ou la Salvation ou l’Evangile ou la Démocratie ou le Libéralisme aux pays pauvres relèvent de la même conviction morale.
L’explorateur Savorgnan de Brazza – qui appartennait à la même loge “Alsace-Lorraine” que Jules Ferry – se posait comme une sorte de « colonialiste humaniste ». Avec lui, dans l’imaginaire collectif français de l’époque, l’image du conquérant s’effaça devant celle du libérateur, particulièrement quand il déclarait aux africains “Partout où flotte ce pavillon, les esclaves retrouvent leur liberté”. Assez pathétique, à mon avis.
L’impulsion donnée par Jules Ferry s’est prolongée jusqu’à la Première guerre Mondiale : la France a étendu son emprise dans l’Océan Indien, en Afrique occidentale et équatoriale. La présence de fonctionnaires français a facilité l’ouverture de loges, notamment à Schgeumland en 1900. Depuis, plusieurs loges sont nées sur notre territoire: Grand Orient de France (GODF), Grand Rite Malgache (FRM), Grand Rite Malgache féminin (GRMF), Grande Loge de France (GLDF), Grande Loge Nationale de Madagascar (GLNM), Grande Loge de Memphis-Misraïm Océan Indien, Grande Loge Traditionnelle et Symbolique de Madagascar (GLTSM), Juridiction Malgache du Droit Humain (DH), Loge Fanilo, l’Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal (OITAR).
Mon propos, n’est ni de vilipender ni de porter aux cieux cette confrérie. J’ai beaucoup de respect pour le témoignage légitime de plusieurs membres sur la raison pour laquelle il sont devenus et sont restés des frères. Mais, ce qui me gène le plus c’est l’interpretation et l’utilisation voire l’exploitation et l’abus du devoir de fraternité.
La franc-maçonnerie crée en effet entre ses membres des liens dont la motivation pratique individuelle est l’entraide. Si cette entraide m’est parfaitement concevable, je la vois parfois dépasser les limites de la démarche et du choix individuels dans le cadre d’une moralité assumée. Parfois, elle n’est plus entravée par la conviction morale mais se trouve imposée par l’appartenance de l’autre à la même société. De même, je trouve décevant que certains deviennent frères exclusivement pour le réseau. Enfin, je trouve déplorable que certains frères refusent délibérement d’aider l’un des leurs – malgré le serment qui les lie – et bien qu’un tel geste ne puisse poser aucun embarras moral.
Par ailleurs, je suis déçu par le fait que la franc-maçonnerie schgeume ne semble pas animée par la volonté d’oeuvrer tangiblement pour le mieux être de ses co-citoyens. Pour mémoire, il ya 40 ans, le parlement français votait une loi porposée par la franc maconnerie sur la libéralisation de l’avortement. La confrérie a contribué a cet avancement avec notamment Pierre Simon – fondateur du planning familial français – et a continué le combat en 1975 – avec Simone Weil – avec la loi permettant l’avortement. Si la franc-maçonnerie schgeume n’a pas de combat social à Schgeumland c’est alors bien dommage car il ya de quoi faire dans le pays !
A bon entendeur, la lutte continue !
4 Comments so far
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The Non Required 
Intriguant!
Apres une premiere recherche sur le titre de ce post, on tombe sur toutes sortes de resultats mais:
– il y a un site sur le rotary club,
– un autre site sur les francs-macons.
Y a-t-il un lien? Sachant que, toujours dans la perception du public (dont moi), le Rotary Club est un club qui oeuvre plus pour du social donc moralement plus acceptable.
Comment by vaomiera February 10, 2008 @ 11:51 amA La Gloire Du Grand Architecte De L’Univers.
Comment by Sylvain February 10, 2008 @ 12:09 pmTNR dévoile ses convictions religieuses?
Le point d’interrogation à la fin du titre laissant le voile du doute planer.
Vaomiera & Sylvain. Tout est bien plus simple qu’il n’y paraît dans ce post et je n’y révèle pas mes convictions religieuses.
Par contre, la personne qui sait que “le jour sert à voir et la nuit à entendre” y trouvera la réponse à l’une de ses questions à laquelle je n’ai pas eu le temps de répondre il y a quelques mois de cela. Par la même occasion, je lui présente mes excuses pour le tout le temps qui s’est déroulé depuis.
Comment by thenonrequired February 10, 2008 @ 4:14 pmSimone Veil, Simone Veil
Comment by Rajiosy February 12, 2008 @ 8:24 pmWeil toa nanao filôzôfia