The Non Required


Vive les privatisations !
November 26, 2007, 3:46 am
Filed under: De quoi tu parles ?, etc.

Nous voici de retour après une courte pause due à de trépidantes vies professionelles. Le sujet de la journée est tout entier dans le titre: faut-il empêcher la privatisation des services d’abduction d’eau potable. J’imagine que chacun d’entre vous à accès à l’eau potable et je suppose que chacun d’entre vous paie pour ce privilège. Privilège en effet car un tiers de la population mondiale est privé d’accès à l’eau potable dont la moitié de la population subsaharienne.

Certains militent pour que l’accès à l’eau potable soit reconnu comme un droit humain fondamental, dont José Bové ou Danielle Mitterrand. En soi, je n’ai rien contre un tel principe mais les arguments utilisés pour prôner cette approche me semble irréalistes sinon déplacés. Pour moi, ce sont des délires altermondialistes qui sont complètement déconnectés de la réalité, font montre d’une totale méconnaissance de la situation des pays pauvres et entravent le développement social plus qu’ils ne le prônent.

L’article d’uni-e-spourunautremonde.org à ce sujet me semble à tout point révélateur de cet idéalisme déplacé de gauche. [NDLR: je tiens à préciser que je suis et demeure toujours de gauche].  L’article se concentre en effet sur le problème de la privatisation comme si tout ce qui est privé était “diabolique” et tout ce qui est public était “bon”. 

Ce phénomène mondialisé de privatisation impulsé sous la pression des firmes multinationales remet radicalement en cause l’accès égal pour tous à un élément vital pour la vie (…) dans la plupart des cas, on assiste à un transfert d’un monopole public qui assurait jusqu’ici une eau de qualité à un prix raisonnable distribuée sur l’étendue du territoire à un monopole privé qui fournit une eau de médiocre qualité à un prix supérieur sans garantir la distribution sur l’ensemble du territoire.

Etant moi même un citoyen d’un pays pauvre, j’ai tendance à privilégier l’action privée à celle du public. Nos dirigeants ont tellement fait preuve d’incompétence et de corruption que le public m’inspire peu de confiance. Je me dis également que j’ai plus de chances de faire valoir mes droits face à un juge en traînant en justice une société privée plutôt que – par exemple – l’Etat Schgeume… Ensuite, il me semble par trop évident que nos Etats sont trop pauvres pour être en mesure de fournir de l’eau potable à leurs populations et par là même je considère criminel de tenter de barrer la route aux intiatives privées d’abduction d’eau dans nos pays. Au bout du compte, s’exprimer contre la privatisation des services d’eau revient à enfermer des millions de personnes dans l’infernale spirale de la pauvreté en les privant (à tout jamais) d’eau potable.

Pour aller plus loin, je pense qu’il est désormais nécessaire de moins diaboliser les processus de privatisation. Il est nécessaire de se rendre compte que supporter l’idée d’un Etat providence qui fournit un service public élargi ne tient pas de l’utopie dans les pays pauvres mais de plutôt de la folie furieuse. Certes il y a des échecs – dont ceux dont parlent l’article sus-cité – et ils illustrent parfaitement l’expression “le mieux est l’ennemi du bien“. Cela ne sert à rien de les nier cependant il ne faut pas non plus se voiler la face car dans les pays pauvres “le mieux est surtout l’ennemi du… rien“. 

Plus généralement, je pense que nos gouvernants qui – il faut le dire – demeurent toujours très jaloux des fonctions régaliennes de l’Etat et expriment souvent ouvertement leur rejet de toute intrusion privée dans le domaine du service public doivent commencer à changer d’opinion: quand on a pas les moyens de ses ambitions on les revisent. On les révisent non pas à la baisse mais au mieux. Ainsi, il serait temps que nos Etats ne préoccupent plus de nous fournir des services publics décents et à grande échelle – car ils n’en ont pas l’argent – mais plutôt qu’ils mettent en place les structures légales et règlementaires pour s’assurer que le privé puisse fournir ces dits services dans le respect des règles de l’art et d’une manière monétairement soutenable pour le privé (eh oui…) et ensuite pour le plus grand nombre (possible).

La lutte continue et rappelez vous: le mieux est l’ennemi du rien.


10 Comments so far
Leave a comment

Je suis d’accord sur le fond.
D e toutes les façons l’Etat ne sait pas ganger de l’argent ni s’en faire en dehors de la planche à billet. Donc dangeureux de lui confier des activités sensées rapporter de l’argent de manière durable.
Le rôle régalien de l’etat devrait lui interdire de faire des activités opérationelles. ce rôle devrait se limiter à la gestion du bien public et partant s’occuper :
d’édicter des politiques sectorielles ou globales, de

Comment by Ion+

réglementer, de controler, de suivre d’évaluer et de faire les ajustements nécessaires, de faire la police…
Cependant, je me demande comment un privé pourrait gérer la distribution de l’eau si celle ci était rare? Pour moi c’est une réelle question philosophique car à ce moment là il me semble que l’accès à l’eau relèverait en définitive de la gestion de la paix civile et de la justice sociale!

Comment by Ion+

ion+. Les privatisations ne sont pas des solutions à tout car elles reposent sur des prérequis comme la disponibilité de la ressource et une estimation raisonnable du profit que l’on peut générer de son exploitation. Pour répondre à ta question je serais tenté de répondre très cyniquement: ceux qui peuvent payer ont accès à l’eau. 🙂 Pour rendre ma réponse moins cynique, je dirais que ce ne serait qu’une variation de la disponibilité limitée de la ressource: ceux qui ne vivent pas près d’un point d’eau n’y ont pas accès non plus.

Comment by thenonrequired

Les privatisations peuvent donner des catastrophes si les privés sont voraces et qu’on leur vent un truc en déficit total.
C’était le cas au Chili je crois où l’Etat a vendu à Suez la compagnie d’eau dans un état lamentable.
Forcément pour rentabiliser l’investissement, il a fallu augmenter les prix donc explosion sociale donc renationalisation.

Ce qu’on remarque à Madagascar par contre c’est que les privatisations ont globalement réussi aux entreprises privatisés et furent très juteuses pour les acheteurs.
Il suffit de voir comment les stations services sont devenus nickels.
Le marketing impeccable de Telma.
Les travaux en cours de Madarail.
Les banques semi-privatisées elles aussi font preuve d’un meilleure gestion.

Ce que je regrette profondément par contre c’est que les ventes des entreprises nationales sont toujours fortement sous-évaluées.
On pense qu’on ne vent que la boîte (ex Telma) mais il faut pas oublier que l’immobilier et le foncier sont inclus dans le pack et ça, surtout en ce moment ça vaut un sacré paquet.

On vient de céder la SIRAMA aux chinois pour une bouchée de pain au regard des terrains que la société possède…

Privatisations oui, afera maizana…mérite réflexion.

Comment by Nj

Nj. Ce qu’il faut savoir c’est que le lendemain du départ de Suez, l’Etat a tenu son premier conseil d’administration et… les nouveaux administrateurs ont appele Suez a Paris en disant: “Au fait, vous pourriez pas nous aider car on ne sait pas gérer une telle boite…”

Comment by tnr

Lol effectivement 🙂
C’est la preuve que les nationalisations ne sont là pour calmer le mécontentement de la population.
Manque de bol avec la jirama c’est déjà à l’Etat 🙂

Comment by Nj

Ah sinon, penses-tu que le choix de Lahmayer pour la gestion qui est déjà connue pour le backhshish influe sur la mauvaise gestion de la Jirama ?

Comment by Nj

Nj. Un scandale a effectivement éclaboussé Lahmeyer en Afrique : http://www.infosud.org/showArticle.php?article=989 et cette même firme s’est retrouvée dans une situation délicate en Asie http://www.business-humanrights.org/Links/Repository/646250.

Avons nous là des raisons suffisantes pour douter d’une gestion honnête de la JIRASCHGEUME? Je vous laisse répondre. Pour être tout à fait honnête, je n’ai eu vent d’aucun acte avéré de corruption lors du contrat avec Lahmeyer à Schgeumland. Par ailleurs, actuellement le contrat de gestion n’est plus avec Lahmeyer mais avec 2 des personnes que Lahmeyer avait envoyées à Schgeumland. Est ce que cela change beaucoup de choses? D’un point de vue purement formel et juridique oui. Pour le reste, je vous laisse répondre. Est ce que le choix est le meilleur pour inspirer confiance? Je vous laisse répondre. 🙂

Comment by thenonrequired

Bonjour,
Il me semble que dans “Etat”, il y a la notion d’intéret général, tandis que dans privé, il y a simplement intérets privés, particuliers. Il y a une contradiction plus qu’évidente dans la privatisation de l’eau: C’est le fait du faire du profit avec une substance vitale, indispensable à la vie. Qu’est ce qui est plus du domaine de l’interet général que l’eau, puisque chaque etre humain, indépendamment de son compte en banque si il en a, à un besoin vital d’eau. Vous voulez qu’on fasse du commerce avec l’eau comme on le ferait avec n’importe quel autre produit. L’accès à l’eau est un service public , au meme titre que la santé, l’éducation, etc, l’eau est un bien commun de l’humanité. Vous acceptez docilement, au nom d’un réalisme mal placé, le règne des multinationales, et le règne des intérets privés sur l’intéret général. Parce que ces multinationales pillent les pays pauvres, elles devraient avoir le droit des les piller encore plus en se substituant à l’Etat! Rendez vous simplement compte de la betise des propos que vous tenez. La terre ne nous appartient pas, c’est nous qui lui appartenons.

Comment by lacandon

Lacandon. Bienvenue sur TheNonRequired. Je suis sûrement un idiot qui écrit des bêtises et, de la même manière, je n’ai aucun doute que, fidèle aux propos que vous tenez, vous refusez obstinéement de payer l’eau que vous consommez en votre domicile car il est évidemment hors de question que l’on fasse du commerce d’une substance vitale sur votre dos.

Comment by thenonrequired




Leave a reply to tnr Cancel reply